Correspondance de Corinne

 

 

le 23 avril,

 

Très cher Monsieur,

 

Lorsque je vous ai aperçu l’autre soir à la Mairie, entre deux coupes de champagne et les petits fours, miam ! J’ai eu faim. Votre discours, mon Dieu, votre discours… un peu long, mais votre voix, ah, votre voix !

Je me présente, j’étais la petite rousse, vous savez, la bouche ouverte et les yeux en paillettes, au troisième rang en partant de la gauche. Mais si, voyons, coincée entre l’élue à la culture et le futur élu aux affaires sportives ! Toute en rose, j’étais. Je vous ai fait des clins d’œil des deux yeux, parce qu’un seul, j’y arrive pas, mais bon, parlons encore de moi ! Ce que je faisais là ? Dites donc, vous êtes drôlement curieux, vous ! J’ai vu de la lumière, alors, je suis entrée, quelle question ! En vrai, j’ai cru qu’il y avait un mariage, et moi, j’adore les mariages ; une vraie fleur bleue : dès que les vœux sont prononcés, hop là, le rimmel dégouline. Mais je m’égare.

J’ai 36 ans, j’en fais 30, mais 36, c’est quand même mieux ! ! Et je suis comme ça, moi, un homme me plaît, alors, hop ! Je lui dis ! Je ne vais pas passer à côté, tout de même ! Des fois que… on ne sait jamais…

Je vous laisse mes coordonnées, je n’aurais rien contre un cinq à sept en votre compagnie, et je vous le redis, une femme de 36 ans, c’est tout de même mieux qu’une jeunette de vingt ou trente ans.

Bien et toute à vous.

Corinne Lemarchant.

L’orgasme de Valentine (Christelle Reix, Théâtre)  -  © 2009 Éditions Le Solitaire

 

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