La 250e fugue de Lola

 

 

Mardi, 19 h 03.

Ce soir j’ai décidé que c’était celui-là.

Pourquoi et pourquoi pas ?

Ras le bol de vivre les rêves des autres ; aux poubelles l’image de la mère exemplaire, peu conforme, mais à sa façon dans le moule des gens sans moule ; comprenne qui pourra.

Aux oubliettes la célibataire épanouie puisque maquillée et soldée à jours fixes, qui ne veut plus d’homme parce que c’est trop dur de faire comme si, alors que j’ai envie qu’on m’aime pour moi. Respirer et repartir.

Ciao la bonne copine sur laquelle on peut toujours compter parce que super disponible, une bonne écoute ; d’ailleurs je fais tellement bien celle qui écoute que j’ai envie de continuer dans un rôle qui, somme toute, est valorisant.

Bye, bye, la professionnelle qui assure toujours, en tout temps et en toute heure, sur laquelle on peut compter sans compter, et qui ne culpabilise jamais d’avoir l’air de travailler alors que je ne fais rien.

Adieu, beau gosse qui aimerait bien avoir une histoire, mais qui a peur de me faire souffrir, et patati et patata.

 

Stop.

Ce soir je fugue.

Je fais le mur. Je m’exile.

Je lâche.

Je tombe les masques.

Je m’appelle Lola Montagne. J’ai 47 ans. Je suis Vierge ascendant Cancer et Uranus, dans mon signe depuis trop longtemps.

L’orgasme de Valentine (Christelle Reix, Théâtre)  -  © 2009 Éditions Le Solitaire

 

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