D’un pas fuyant les brumes (Jacquy Gil, Quarante Poèmes en prose)

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Tout est parti d’un signe, d’un signe venu d’un autre signe…

« Où la chose a-t-elle bien pu commencer ? », s’interrogent les réponses.

« Ici et là, nulle part… », répondent les questions.

Où l’on voit qu’à renverser l’ordre établi des mots on quitte l’ignorance pour le mystère, passage obligé venant susciter un nouveau signe.

 
Une légion de justes contre une armée de fourbes… Il n’est rien dit de ce perpétuel combat tant n’est point tangible l’enjeu de l’idéal.

Bel et bien vaincu le Bien, voilà tout ce que l’on sait de lui ! Inhumé par l’esprit, profané par la matière. Trop de batailles perdues pour une guerre impossible à gagner.

Ohé ! Preux combattants ! Fourbissez vos mots, rassemblez vos pages, il ne vous reste plus qu’à témoigner.

 
Curieuse vie où l’amour s’épuise de ne pas être.

Et nous laissons le temps faire son œuvre, incapables que nous sommes de provoquer une étreinte qui ne soit pas souffrance.

Se fier encore à nos sens le soir venu, quand tombe pourtant la pénombre des doutes, c’est commettre un acte de barbarie contre soi-même.

 

Paix à l’oiseau bleu qui s’initie aux transparences.

Va-t-il où il va ? Non, le voici hors de son vol, ailes accrochées au pan de nos horizons.

Lui, se sachant au-delà de nos limites, aurait-il atteint déjà quelque lieu d’âme ?

Vanité que de vouloir élucider où se confine l’aveu de ses conquêtes.


En ce soir de fin d’automne où la lune navigue, coque sur l’horizon, combien de "phares étoiles" pour combien de houles noires avant que ne sombre la barque ?

… Au jour et à l’heure où le clocher tinte les souvenances, oui, raconter à nouveau le naufrage : les premiers tangages à l’orée de la nuit, le heurt soudain d’un nuage, les embruns dans l’émoi de nos yeux et la vague déferlante du silence…