D’un pas fuyant les brumes (Jacquy Gil, Quarante Poèmes en
prose) © 2011 Éditions Le Solitaire Tous droits
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Tout est parti d’un signe, d’un signe venu d’un
autre signe… « Où la chose a-t-elle bien pu commencer ? »,
s’interrogent les réponses. « Ici et là, nulle part… », répondent les questions. Où l’on voit qu’à renverser l’ordre établi des mots
on quitte l’ignorance pour le mystère, passage obligé venant susciter un
nouveau signe. Bel et bien vaincu le Bien, voilà tout ce que l’on sait de lui ! Inhumé
par l’esprit, profané par la matière. Trop de batailles perdues pour une
guerre impossible à gagner. Ohé ! Preux combattants ! Fourbissez vos
mots, rassemblez vos pages, il ne vous reste plus qu’à témoigner. Et nous laissons le temps faire son œuvre,
incapables que nous sommes de provoquer une étreinte qui ne soit pas
souffrance. Se fier encore à nos sens le soir venu, quand tombe
pourtant la pénombre des doutes, c’est commettre un acte de barbarie contre
soi-même. Paix à l’oiseau bleu qui s’initie aux
transparences. Va-t-il où il va ? Non, le voici hors de son
vol, ailes accrochées au pan de nos horizons. Lui, se sachant au-delà de nos limites, aurait-il
atteint déjà quelque lieu d’âme ? Vanité que de vouloir élucider où se confine l’aveu
de ses conquêtes.
… Au jour et à l’heure où le clocher tinte les
souvenances, oui, raconter à nouveau le naufrage : les premiers tangages
à l’orée de la nuit, le heurt soudain d’un nuage, les embruns dans l’émoi de
nos yeux et la vague déferlante du silence… |