Vents arabesques (Didier Thurios, Nouvelles)

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« Nos pas les plus gagnants sont les pas perdus. »

« Le désert est une mer où se mirent les âmes. »

« Dans ce coin du monde, l’histoire a du mal à soigner son bégaiement. »

« Pas un papier dans les rues. Comme un désir d’ordre et de netteté, après la fureur et le chaos. La paix, même fragile, se doit d’être propre. » [Beyrouth]

« Les soldats de la paix ne connaissent la fraternité qu’en temps de guerre. » [Saïda]

« N’ayant pas de corps la femme voilée exploite le seul espace qui lui est permis, l’intérieur. Elle privilégie l’essence, le fond des choses. La femme libérée développe, elle, plutôt les formes. Entre les deux les Libanais pensifs qui se demandent comment sauter du coq à l’âme. »

« Cinq sens, un cœur à vif et une âme passée au papier verre. Le cerveau ne sert que très peu en voyage. »

[Le Liban] « pays sans tête continuant à courir dans tous les sens. »

« Parce qu’il n’est de plus grand réel que celui qui fuit le jour, l’ombre avance au chevet de la lumière jusqu’au dernier soupir du crépuscule. À l’intérieur, à l’intérieur où bat le cœur du cœur. »

« Il n’est de temps plus absent, il n’est de temps plus trompeur que celui de la nostalgie. »

« On fait sa couche d’un fossé, d’un chemin une écharpe ; un rien suffit à muer les trottoirs en collines habitées, un tout petit rien à transcender l’infime en intime…  Le vent passe sa langue sur les lèvres d’un terrain vague, on y voit les vagues perlées d’un océan rageur, allongées sur le dos d’un désert en déserrance… »

« Le vrai désert, ce qui nous ravine et nous déconstruit, c’est l’oubli du temps présent, l’incertitude d’être. Chercher l’issue ne dispense pas de tolérer la tenaille du temps. Ni de souscrire aux vents arabesques. »